Les inégalités sociales se creusent encore et toujours ! Une action en front commun, deux syndicats, des acteurs politiques et plusieurs témoins. La CSC et la FGTB souhaitent faire passer un message fort : il est temps que les choses changent !
La lutte contre la précarité est un enjeu social primordial pour le Front Commun entre la CSC et la FGTB. Dès-lors, ces derniers sont intransigeants et demandent aux formateurs du futur gouvernement de prendre des mesures strictes :
- un refinancement de la sécurité sociale et la garantie du maintien de son caractère fédéral,
- un refinancement des services publics et des soins de santé,
- une augmentation de la pension au minimum légal, donc à 1.500 € net/mois,
- le maintien du gel de la dégressivité des allocations de chômage et d’insertion, y compris pour les artistes,
- l’octroi d’allocations sociales au minimum égal au seuil de pauvreté.
"C’est le lundi 15 septembre qu’ont eu lieu les premières négociations entre les interlocuteurs sociaux (patrons et syndicats) dans le cadre de la loi sur l’acte de solidarité. Cette loi concerne principalement une « enveloppe bien-être », qui reprend toutes les allocations sociales, telles que le chômage, les pensions, indemnités de maladies et d’invalidités, etc." explique Joël Thône, président de la FGTB Liège-Huy-Waremme. « il existe une revendication extrêmement claire sur la partie des pensions : nous souhaitons qu’elle soit fixée au stricte minimum légal, c’est-à-dire 1.500 €. Au-delà de cette matière, nous exigeons tout simplement que toutes les allocations sociales soient au-dessus du seuil de pauvreté », poursuit-il.
Jusqu’à présent, les employeurs ont refusé de prendre part aux négociations concernant l’enveloppe bien-être. Entre autre chose, l’AIP (négociation d’un accord interprofessionnel) et ladite enveloppe sont deux choses tout à fait distinctes et qui doivent le rester, même si elles sont soudées tous les 2 ans. Cependant, les employeurs, cités précédemment, essayent de manière récurrente de lier les deux, ce qui est inacceptable selon la FGTB et la CSC. C’est pourquoi, le front commun a décidé de transmettre le cahier de revendication vers les négociateurs du gouvernement fédéral, sur base de l’obligation d’un accord gouvernemental pour la libération de l’enveloppe bien-être.
Les diverses revendications inscrites dans le cahier ne datent évidemment pas d’hier mais l’état de crise lié au COVID-19 depuis le mois de mars a, en quelque sorte, empêché les deux syndicats de se manifester lors de mouvements et d’événements. Afin de remédier à ce contretemps, 3 rassemblements (en front commun avec la FGTB et la CSC) auront lieu le 28 septembre, chacun à la même heure, situés :
- Place du XX Août à Liège,
- Place Communale à Seraing,
- Place Jean Jaurès à Herstal.
Lors de ces rassemblements, un représentant politique prendra la parole afin de détailler explicitement le cahier de revendications et d’expliquer l’importance de ces exigences concernant l’enveloppe. Et afin de renforcer ces manifestations, plusieurs témoins seront présents sur les lieux afin d’exprimer leur situation de précarité.
"L’action de la FGTB et de la CSC se passera sous forme statique, tout en respectant les mesures sanitaires mises en place et définies par les directives communales. Il n’y aura pas plus de 400 personnes présentes sur chacun des lieux de manifestation. Certes, ce nombre est limité, mais le but principal est de faire passer un message", explique le secrétaire fédéral de la CSC, Jean-Marc Namotte.
Roland Biagini, qui témoignera lors de la manifestation, a 86 ans et est pensionné. Il touche 1.300 € net par mois. Bien qu’il perçoit 54 € en plus depuis avril à cause de son handicap, officiellement reconnu depuis peu, Roland estime que la somme qu’il perçoit n’est pas assez importante. En effet, selon lui, les loisirs et les activités personnels tels qu’aller au cinéma, aller au restaurant, profiter des expériences culturelles des musées et des expositions, … ne sont pas calculés dans le montant de l’allocation de pension. Roland explique que lorsqu’il a commencé à travailler, il avait à peine 16 ans, sous contrat d’apprentissage, pour que sa mère puisse encore bénéficier des allocations familiales. Il a ensuite travaillé dans une entreprise sidérurgique jusqu’à sa prépension anticipée (due à la restructuration). Bref, Roland Biagani a littéralement travaillé toute sa vie et pourtant, il ne reçoit que "la maudite somme de 1.300 €", en réponse à tous ses efforts. Aujourd’hui, il souhaite donc recevoir un peu plus, afin de subvenir au cout grandissant de la vie.
Il parait évident, selon Jean-Marc Namotte, que cette situation s’applique autant à Roland qu’à des centaines, voire des milliers d’autres personnes et qu’il est important que les choses évoluent. Mais une autre revendication, tout aussi importante apparait dans l’action en front commun, surtout depuis le début de la crise sanitaire : le maintien du gel de la dégressivité des allocations de chômage.
Charles Culot est acteur et metteur en scène depuis qu’il a terminé ses études, il y a 10 ans. Il sera aussi présent à la manifestation afin d’expliquer la situation de beaucoup d’artistes, mais pas seulement... "Depuis peu, nous faisons face à une situation de crise hors du commun. Suite au confinement, beaucoup d’artistes se sont retrouvés au chômage. La règle de dégressivité, appliquée en temps normal, pour tous les chômeurs a provisoirement été gelée, cependant, les choses vont reprendre leur cours normal et cette règle va à nouveau être mise en application. Malheureusement, les artistes qui n’ont pas de statut reconnu, vivent déjà dans une situation très précaire, au-delà de l’impact qu’a eu le Coronavirus, et ont réellement besoin du chômage sans que celui-ci ne soit diminué tous les trois mois. Il est dès-lors très important que le gel soit maintenu pour la survie de notre métier. Si les artistes sont encore actuellement fortement touchés par la crise actuelle, c’est le cas de beaucoup d’autres personnes ayant des types de qualifications totalement différentes" exprime Charles Culot. Il est aussi à noter que les allocations de chômage que perçoit un artiste ayant obtenu un statut reconnu se situent entre 900 € et 1400 € et que les artistes non-reconnus n’obtiennent même pas cette somme de manière ponctuelle.
Joël Thône, précise notamment que "les chercheurs d’emploi, actuellement au chômage aujourd’hui, sont très affectés par la crise du COVID-19. Les employeurs préfèrent ne pas engager pour le moment et pour ceux qui travaillent actuellement, le télétravail reste la norme préférentielle. D’où l’attention toute particulière donnée à la revendication du maintien du gel actif".
"Il existe également un autre problème qui, lui, est lié au statut de cohabitant et qui ne date pas d’hier", précisent les représentants de la CSC, la FGTB et Charles Culot. "Si ce statut de cohabitant sautait, il y aurait un grand souffle pour tout le monde. Cela permettrait aux personnes ayant un revenu moins élevé de vivre en collocation et d’obtenir une allocation plus importante".
Bref, il y a encore beaucoup de pain sur la planche, mais le combat ne fait que commencer. Deux syndicats, une action en front commun, le soutien des politiques et différents témoins sont le parfait milkshake pour obtenir des résultats claires et bien définis !
Infos pratiques :
Les rassemblements se feront le 28/09 à 11h30 (Place du XX Août à Liège, Place Communale à Seraing et Place Jean Jaurès à Herstal).
Une autre manifestation aura lieu, uniquement pour la FGTB, à Huy.
Le masque sera obligatoire et la distance sociale d’1m50 sera d’application sur les 4 sites.
Brian Temmerman