Les œuvres patrimoniales et culturelles de l'Université de Liège représentent une richesse qui ne sont pas toujours répertoriées, voire même accessibles au public. La convention signée entre la Ville de Liège et l'Université permettra de développer une collaboration commune.
"Je pense qu'on a trop peu conscience de ce que représente une université dans une ville. A Liège, nous avons cette chance et cela demande effectivement des mises en commun" commente Jean Pierre Hupkens, Échevin en charge de la Culture, du Tourisme et de l'Interculturalité de la Ville de Liège. "Cette convention cadre est porteuse d'une mise en commun et est un exemple concret d'une collaboration à venir. Parler de collaboration entre des institutions comme l'université, la Ville et la Province de Liège, c'est bien mais la faire entrer dans la réalité, c'est mieux ! Et monsieur le Premier vice-recteur a eu cette vertu d'être vraiment porteur de ce dossier de collaboration concrète. Ceci n'est qu'un premier pas" termine-t-il.
Il faut savoir que les collections artistiques et scientifiques de la Ville et de l’Université représentent un patrimoine culturel exceptionnel, riche de centaines de milliers de pièces et d’œuvres, couvrant un éventail de domaines extrêmement large et diversifié (art moderne et contemporain, art religieux, art mosan, arts décoratifs, armes, archéologie, sciences médicales humaine et vétérinaire, techniques, botanique, zoologie, minéralogie, paléontologie, papyrologie, ...).
Le Professeur Jean Winand explique : "Cette convention est le résultat de deux forces en quelque sorte. Ça faisait longtemps déjà que nous collaborions avec la Ville sur des projets ponctuels. Nous avions donc déjà appris à nous connaître. Ce qui est tout même important car je pense que les projets partent souvent de relations interpersonnelles. De plus, en prenant mon mandat de Premier vice-recteur, je me suis rendu compte qu'à l'Université, nous avions un patrimoine vraiment remarquable mais qui était dispersé. Nous avons à l'université environ 25 collections patrimoniales depuis Gembloux jusqu'à Arlon avec, bien sûr, le campus ici au centre-ville et également celui du Sart Tilman. Toutes ces collections sont dans des états d'inventaire et d'accessibilité au public variables. Je crois donc qu'il était temps, d'une part, d'essayer de fédérer tout ça et d'autre part aussi de faire advenir une narration, un thème commun pour toutes ces collections de l'Université.
Nous avons créé, et cela a été accepté par le conseil d'administration il y a un peu plus d'un an, un pôle muséal et culturel. J'insiste sur les deux adjectifs. Ce ne sont pas que les collections patrimoniales venant des musées mais aussi tous les centres qui, à l'université, s'occupe de médiation culturelle. Que ce soit la Maison de la science, que ce soit la Maison des Sciences de l'homme ou encore l'embarcadère du savoir. Toutes ces institutions qui nous aident à communiquer vers le grand public.
C'est ce projet que nous avions à l'intérieur de l'Université de Liège. Avec cet espoir que nous avons aussi, d'un jour, voir un bâtiment au sein de l'université que nous pourrions appeler le Musée de l'Université de Liège.
Nous nous sommes dit avec la Ville que c'était le moment de joindre nos forces dans un projet qui est à la fois culturel mais aussi touristique".
Outre le Professeur Winand, le second artisan de cette convention est le Directeur des Musées de la Ville de Liège.
"En tant que Directeur des musées", témoigne Pierre Paquet, "c'est évidemment un moment particulier. Nous voulions franchir un cap important pour, à la fois mobiliser les acteurs des musées et leur faire savoir que l'Université était là pour les aider et mobiliser tous les acteurs qui, à l'université ont un intérêt à utiliser les musées pour leurs programmes de recherches, comme dans leurs programmes d'enseignements d'ailleurs. Nous nous disions, au départ que ça n'allait concerner que la Faculté de Philosophie et Lettres, ou les historiens et historiens de l'art. Puis nous nous sommes aperçus que tous les secteurs étaient concernés d'une manière ou d'une autre. Nous avons pu extrapoler sur des lignes de collaboration qui sont maintenant structurées dans l'accord cadre et qui permettront de développer des expositions, des thèmes de recherche, l'organisation de colloque ou encore des opérations de recherche en termes de pédagogie.
Les musées ne sont pas là que pour conserver des œuvres mais également pour les montrer au public et la manière dont on montre au public est aussi importante que la qualité des œuvres. Pour nous, c'est évidemment un plus non négligeable et nous ne pouvions pas nous passer de cet accord vraiment étroit de collaboration entre l'Université et les musées qui ont un potentiel énorme".
Les collections des musées de la Ville de Liège représentent près de 200.000 œuvres en réserves dont plus de 150 sont reprises comme « trésors » par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Différentes œuvres et collections de l’ULiège sont également reconnues comme « trésors », un total de plus de 200 pièces.
Pierre Paquet précise : "Toutes les œuvres ne sont pas de l'ordre de l'exposition définitive dans un musée mais ce sont des objets de recherche et c'est surtout la manière dont on peut les interpréter après les avoir étudiées qui font qu'elles deviennent peut-être des pièces intéressantes à exposer et à proposer au public. Et ce, en racontant, au niveau narratif, une vraie histoire à l'échelle de la ville de Liège, de sa région et même plus largement".
Le Premier vice-recteur précise pour l'Université : "Les collections balaient vraiment toutes les facultés et là, nous comptons en millions d'objets. Nous sommes certainement l'une des universités qui a le patrimoine le plus riche".
Nous sommes également à un tournant dans cette valorisation patrimoniale car la crise que nous vivons a réellement mis en avant toutes les ressources digitales. Ce qui peut amener, peut-être un peu facilement, à penser que la digitalisation est un substitut au contact direct avec un objet. Or, ce n'est pas un substitut, c'est un complément. Avoir l'objet source, l'objet premier, le conserver, c'est une garantie d'un raisonnement scientifique. La matérialité de ces objets nous permet de prouver ce que nous affirmons dans des recherches. Sans compter que certains des objets que nous avons à l'Université sont des exemplaires uniques"
"En effet", reprend le Directeur des Musées, "Les connaissances sont tellement riches qu'elles ne demandent qu'à être exploitées au niveau scientifique. Elles ne le sont pas assez aujourd'hui. Nous espérons que ce partenariat va susciter des TFE auprès des étudiants, des doctorants, des post-doc, et de la recherche plus approfondie par exemple".
Cette collaboration va se concrétiser prochainement puisqu'il y a déjà des projets d'expositions.
La première concerne Raphaël et la gravure et se tiendra au Grand Curtius.
Un autre événement prendra place l'année prochaine à l'occasion du 200e anniversaire d'indépendance de la Grèce.
Un troisième projet est porté par le Professeur Winand, égyptologue de formation. Il s'agit d'une expo sur l'écriture égyptienne avant Champollion. 2022 est l'année du bicentenaire du déchiffrement de la pierre de Rosette mais également l'année du centenaire de la découverte de la tombe de Toutankhamon. "Tout comme, ce sera également le centenaire du premier cours d'égyptologie en Belgique et qui s'est d'ailleurs tenu à Liège" conclut le Professeur Winand.
Les entités et collections muséales concernées par la convention-cadre pour la Ville de Liège sont Grand Curtius, le Musée du luminaire / Mulum, la Maison Grétry, la Galerie des Beaux-Arts, le Centre international d’Art et de Culture (CIAC) / La Boverie, la Bibliothèque Ulysse Capitaine et le Centre de documentation et de recherche des musées.
Pour l'Université de Liège, cela concerne la plupart des Facultés, départements et unités de recherche concernés à différents titres, l'ULiège Library, le Pôle muséal et culturel, le Musée de minéralogie, le Musée de la Préhistoire, le Musée Wittert ainsi que la Maison des Sciences de l’Homme.
Auxquels il faut ajouter la cellule Réjouisciences, des ASBL telles que l'Aquarium-Muséum, la Maison de la Science, l'Embarcadère du Savoir, la Haute Ardenne, la Société Astronomique de Liège, l'Espaces botaniques, la Maison de la Métallurgie et de l’Industrie de Liège, le Musée en Plein Air du Sart Tilman mais également l'Insectarium Jean Leclercq – Hexapoda.
Infos complémentaires sur les sites de LA VILLE DE LIEGE et/ou de l'ULIEGE.
CFL