C'est une première, il faut le dire. Jamais, jusqu'à maintenant, la Femme n'avait été mise à l'honneur en regard de son apport au patrimoine.
Ce sera désormais chose faite ces 11 et 12 septembre à l'occasion des 33es Journées européennes du Patrimoine en Wallonie.
"Cette 33e édition des Journées du Patrimoine présente une originalité sur laquelle j'aimerais attirer votre attention" signale Richard Miller, le nouveau président des Journées du Patrimoine. "La ministre Valérie Debue a voulu, cette année, mettre le focus sur l'apport des femmes au patrimoine qui nous est transmis par les générations précédentes. Cela mérite d'être souligné à plusieurs titre. Le premier, au niveau historique. Je rappelle que cette notion de patrimoine est apparue surtout au 19e siècle. C'est l'époque où on a commencé à s'intéresser aux vieux bâtiments, à considérer qu'il fallait entretenir les vestiges du passé. Que ce soit en France, en Allemagne, en Angleterre ou en Belgique, on a vu apparaître des administrations chargées de ce maintien du patrimoine. Vers 1950, 1960 apparaît une autre préoccupation, c'est la dimension sociale. À ce moment il n'est plus seulement question de s'intéresser à des châteaux ou des bâtiments de culte. Le patrimoine appartient aussi à ceux qui ont créé la richesse sociale de notre pays et de notre région, en particulier en Wallonie. Et donc, on va commencer à s'intéresser aux usines, aux friches industrielles. C'est là une deuxième étape. Je dirais que maintenant s'ouvre, je l'espère, un nouveau développement. Considérer que le patrimoine est bien celui de toutes et de tous. Ne pas simplement considérer qu'il était le reflet d'une société qui était extrêmement masculine"
Le rôle de la femme est mis en évidence à travers cette 33e édition des Journées du Patrimoine : "Les femmes ont toujours travaillé dans tous les secteurs, dans tous les domaines, que ce soit au point de vue familial, sociétale ou encore personnel mais leur travail n'a jamais été mis en évidence. Leur travail ne fait pas partie de l'histoire, de l'historiographie traditionnelle. Avec cette édition, il y a vraiment la volonté non seulement d'apporter un correctif mais en plus d'initier une autre façon de voir l'histoire. Une autre façon de se référer à notre patrimoine en envisageant tout ce que les femmes ont aussi contribué à créer, à préserver, à développer et qui font notre passé.
J'aimerais insister sur un tout petit point, c'est le fait que ce lien entre femme et patrimoine est beaucoup plus politique encore aujourd'hui qu'il ne l'était il y a peut-être quelque temps. Je vais juste donner un exemple. Tous les régimes comme ceux mis en place par Daesh ou les Talibans, etc. sont des régimes qui, évidemment, ne reconnaissent pas les droits et libertés de la Femme mais ce sont aussi des régimes, j'attire votre attention là-dessus, qui détruisent le patrimoine, qui détruisent les monuments historiques et les vestiges artistique. Et donc, il y a vraiment un lien qu'il serait intéressant de développer davantage".
Pour l'édition de cette année, en province de Liège, il y a 129 activités qui sont organisées dans des sites différents. Pour l'ensemble de cette édition-ci, un peu moins de 400 projets ont été retenu : "À cet égard je remercie Madeleine Brilot (coordinatrice) et toute l'équipe pour le travail qui a été mené car il n'a pas été facile. C'est vrai qu'on peut le dire chaque année mais cette année-ci, ça a vraiment été le cas ! Entre autres parce qu'il y a eu le Covid qui a rendu l'organisation plus compliquée mais il y a aussi eu les inondations. Certains projets qui avaient été retenus n'auront malheureusement pas lieu de ce fait".
Il est donc impératif de consulter le site Web plutôt que la brochure distribuée et qui a été imprimée avant les inondations. Un erratum sera présent sur le site pour signaler tous les changements.
"Maintenir ces Journées du Patrimoine est très important" souligne Richard Miller, "parce que, au moment où notre monde se transforme complètement, au moment où tout est mondialisés, je crois que nous avons tous envie de mieux connaître nos racines, de mieux connaître notre identité et cela passe par ce qui nous environne, le lieu où on est né, les bâtiments que l'on fréquente, etc. Profiter de cette journée pour pouvoir pénétrer à l'intérieur de ces bâtiments qui, souvent, ne sont pas accessible au public normalement, c'est donc une occasion à ne pas rater".
Frédéric Marchesani, responsable presse, revient sur le thème "Femmes et patrimoine" pour expliquer à quoi il correspond : "C'est un thème qui est, finalement, assez varié. Vous allez retrouver, au programme, des monuments , des sites sur lesquels les femmes on a eu un impact majeur, que ce soit dans la construction des bâtiments, dans la transformation de ceux-ci, dans leur préservation, leur restauration. On y trouve des femmes qui se sont battues pour sauvegarder un bâtiment. Il y aura bien sûr toute une série de lieux de culte, de sièges de congrégations féminines ou qui sont connus pour une dévotion particulière à la Vierge, à une Sainte mais aussi des institutions de bienfaisance, des établissements de soins, des établissements d'enseignement créés par des femmes, dirigé par des femmes. Il y a aussi des monuments érigés en l'honneur ou en hommage à une femme. On retrouvera également toute une série de figures marquantes dans des lieux où elles ont vécu ou avec lesquels elles ont tissé un lien étroit et qui permettent de les évoquer de manière plus générale".
Comme chaque année, il y a aussi toute une série de bâtiments incontournables, de bâtiments phares qui sont inscrits sur la liste du patrimoine exceptionnel de Wallonie. Dans la région liégeoise, citons par exemple la Collégiale de Huy, le Lycée Léonie de Waha, les grandes Collégiales et Basiliques de Liège, le Palais des Prince-évêques.
Il y a cette année 375 activités au programme dont 41 nouveautés, soit des bâtiments ou des sites qui n'ont jamais participé aux journées du patrimoine, soit des circuits inédits.
Mesures sanitaires
En raison des mesures qui sont toujours en vigueur en Belgique, la réservation est obligatoire pour participer à toutes les activités, toutes gratuites, qui sont présentes au programme.
"Il faut s'inscrire car les places sont limitées", explique Frédéric Marchesani. "C'est pour cela que dans la brochure vous trouverez, après chaque activité, des informations pratiques, notamment pour pouvoir réserver auprès de chaque organisateur local. Le secrétariat des journées du patrimoine ne prend aucune réservation".
Cette brochure et disponible dans les Offices du Tourisme où les Espace Wallonie. Il est possible de l'obtenir en formant le numéro vert 17 18.
Le tout nouveau site Web est mis à jour quotidiennement. Il y a également une application qui est téléchargeable sur le Play Store et l'Apple Store. Elle vous permettra ainsi d'avoir dans votre poche tout le programme, à jour, du weekend patrimonial.
Quelques exemples de visites
Parmi les activités dans la région liégeoise, citons l'Abbaye de la Paix Dieu qui est le centre de formation aux métiers du patrimoine de l'Agence wallonne du Patrimoine. Elle mettra les artisanes, les formatrices à l'honneur. On y verra notamment des tailleuses de pierre.
"Une belle découverte à faire à l'avouerie d'Anthisnes où il y a le musée de la bière" reprend Frédéric Marchesani, "où on découvrira la figure d'Hildegarde von Bingen, une abbesse et une botaniste du 12e siècle qui est en fait, et c'est très peu connu, la dame qui a inventé la bière puisqu'elle a eu cette idée d'introduire du houblon dans la recette de la cervoise et elle en a fait de la bière telle qu'on la connaît encore aujourd'hui".
Parmi les choses plus originales ou plus locales, la chocolatière de la rue Neuvice à Liège vous ouvrira les portes de l'atelier qu'elle a elle-même créé. Ainsi que la vieille maison de maitre qu'elle a restaurée.
Une exposition très intéressante à la Cité miroir, organisée par l'asbl Mnema, intitulé "Matrimoine, quand les femmes occupent l'espace public" qui est une exposition originale sous la forme d'un parcours photographique.
Vous pourrez aussi découvrir l'église protestante de Spa, bâtie par deux Anglaises qui venaient régulièrement aux thermes de Spa. Adorant la ville, elles ont récolté de l'argent pour pouvoir bâtir une église.
Pour le reste du programme, rendez-vous sur le site des Journées du Patrimoine.