Connue pour ses eaux thermales, la ville a débuté une toute autre cure : musicale, pour cette 28ème édition des Francofolies de Spa. Un premier jour de festival aux effets stimulants.
Écrin de verdure au milieu de la ville, le Parc de 7 Heures accueille son premier bain de foule. Sous un ciel parsemé de nuages, le public va et vient entre les quatres scènes éparpillées dans l'enclos aménagé.
Musique ardente en terre spadoise
Rori, jeune chanteuse liégeoise de 25 ans, inaugure la scène Pierre Rapsat. La plus grande du festival, elle reçoit les grandes têtes d'affiche de cette édition : Mika, Juliette Armanet, BigFlo & Oli ou encore Florent Pagny.
Premières Francos pour cette artiste montante, elle se réjouit de jouer devant un tel public. Venus en nombre l'écouter, les festivaliers semblent pourtant timides. Accompagnée d'un batteur et d'un guitariste, la chanteuse, aux accents graves et suaves, enchaîne les titres, parfois inédits, sur une mélodie rock soutenue. Près de la scène, des têtes se dandinent sur des paroles qui prônent l'acceptation de soi et de ses différences. Mais lorsqu'elle chante son titre "Docteur", véritable single à succès, les paroles se lisent sur toutes les bouches.
À l'autre bout du parc, un groupe, tout aussi liégeois, ancré dans le paysage musical belge depuis 2010, investit la scène Spa Reine. Les six membres de Dan San, au style chic et décontracté, emplissent le début de soirée de leurs mélodies mélancoliques rock. Le groupe mêle interprétation de titres de leur nouvel album "Grand Salon" et chansons d'anciens. Les harmonies musicales et la cohésion des musiciens contaminent un public composé ça et là de fidèles, certains depuis leur premier EP "Pillow". Deuxième titre de leur dernier album, "Hard Days Are Gone" clôture en douceur le concert. Quatre mots entonnés en chœur par les festivaliers devant des musiciens émus.
À la folie
Retour à la scène Pierre Rapsat. Place cette fois à une artiste française. Juliette Armanet enflamme la ville d'eau. Naviguant en terres de feu et d'amour, thématiques emblématiques de son dernier album "Brûler le feu", la show woman se lance dans une interprétation sensuelle et explosive. Saxophone, guitare électrique, percussions et piano accompagnent de longues parties musicales endiablées. Les lumières rouges incandescentes de la scénographie embrasent le ciel gris de la fin de journée. Inépuisable et intarissable, il ne suffit plus à la Lilloise de faire le show sur scène. Elle s'élance dans un corps à corps avec le public. Elle enlace lascivement plusieurs spectatrices tout en murmurant les paroles de son titre "J'te le donne" à leurs oreilles.
Après plusieurs titres, disparition furtive de l'artiste survoltée. Elle réapparaît drapée d'une longue cape argentée scintillante pour entamer son entraînant tube "Le Dernier Jour du Disco". La fusion avec les spadois atteint son apogée. Le public exulte.
C'était sans compter sur la prestation suivante, tout aussi flamboyante de Mika. De retour à son piano après un bain de foule sur sa mythique chanson "Big Girl", les boucles brunes dégoulinantes, il s'enthousiasme : "J'ai embrassé au moins 45 personnes ! Ça fait du bien de pouvoir le faire sans avoir peur !"
Encore survoltés, les festivaliers se laissent emmener vers le bout de la nuit par le duo français Bon Entendeur. Derrière leurs platines, les remix électro mêlant chansons françaises et sons disco/funk s'enchaînent. La foule ne veut pas en finir. Le duo dégaine un dernier tube : "L'amour". La rengaine de Mouloudji résonne dans le parc : "L'amour, l'amour, l'amour. Dont on parle toujours". Un amour de la musique, sans doute, coule dans les veines de Spa.
Lola Fonta.
(Lauréate 2023 du concours Jeunes Journalistes de la MPCL)