Mieux gérer l’espace urbain en appliquant d’abord ses idées sur un ordinateur : c’est ce que propose la faculté des sciences de l’université de Liège à sa ville, en utilisant les dernières techniques de l’intelligence artificielle. (Luc Gochel)
Où manque-t-il des arbres ? Quelles sont les toitures qui peuvent encore accueillir des panneaux solaires ? Comment se propage le bruit dans les rues ? Quel est l’itinéraire de balade le moins pollué ? Quels sont les risques d’inondations dans un quartier ? Voici autant de questions auxquelles le laboratoire GeoSciTY de l’université de Liège peut désormais apporter des réponses grâce à son nouvel outil baptisé SEM3D.
« Nous avons proposé à la Ville de Liège de créer son jumeau numérique, explique le professeur Roland Billen, responsable de ce laboratoire. Et l’aider ainsi à prendre des décisions après les avoir testées sur ordinateur. »
Pour prouver ses dires, GeoSciTY a pris l’exemple du quartier d’Outremeuse, facilement délimitable entre la Meuse et la Dérivation. « Un avion a d’abord survolé le quartier avec un capteur laser Lidar, poursuit-il. Nous avons ensuite mixé ses images avec des images aériennes en couleur et des plans de la ville. Le tout a été transformé en milliards de points à qui pour chacun on a défini une couleur : verte pour les arbres, jaune pour les routes, rouge pour les bâtiments… Et grâce à l’intelligence artificielle, on a pu modéliser tout le quartier en trois dimensions afin d’obtenir une parfaite reproduction numérique avec laquelle on peut tester ce qu’on veut. »
Retrouvez l'article de Luc Gochel, journaliste à Sudinfo, VIA CE LIEN
Il s’agit de scanner le territoire liégeois pour le recréer en 3D à l’aide de l’intelligence artificielle. Le but de ce nouvel outil technologique est de mieux visualiser la Ville et de faire des simulations pour améliorer la gestion urbaine.
Une quantité phénoménale de données très précises sont donc récoltées durant ce scan géant. “On peut savoir la hauteur d’un arbre et même le diamètre de son tronc. Ces informations sont utiles pour savoir si on peut construire ou aménager la ville d’une certaine manière”, explique le professeur Roland Billen en charge du laboratoire de recherche GeoScITY à l’ULiège.
Mais le nombre de données est trop important pour qu’une personne puisse les ranger. C’est là qu’intervient l’intelligence artificielle qui va s’occuper de les classer. Mais le travail n’est pas fini puisque la prochaine étape, c’est de croiser ces informations avec des images et des données mises à disposition par la Ville et la Région wallonne : numéro des bâtiments, nom des rues... Pour résumer, on réalise un plan 3D de la zone.
Retrouvez l'article de Camille Jahier, journaliste à la Dernière Heure de Liège, VIA CE LIEN
Le quartier d’Outremeuse a ainsi été cartographié de manière innovante en 3 dimensions. Ces données viennent compléter le SIG, le système d’information graphique de la ville de Liège, avec de nouvelles perspectives d’exploitation pour les services de la ville notamment dans le cadre de son Plan Climat.
« On parle ici du Plan Canopée, mais c'est aussi en termes de mobilité, en termes d'aménagement du territoire, d'urbanisme. Toutes ces applications vont pouvoir être upgradées dans leur utilisation. C'est un outil en tout cas qui va collecter les données qui vont s'intégrer dans le processus décisionnel, mais aussi dans l'évaluation de nos politiques. Parce que c'est important de prendre les bonnes décisions et d'évaluer si ces décisions que l'on a prises sont utiles et surtout sont suivies dans les faits », précise Gilles Foret, Echevin du Numérique, de la transition écologique et de la mobilité de la Ville de Liège.
L’arborisation du quartier peut facilement être visualisée et les mises à jours sont évolutives. L’objectif est de l’étendre à l’ensemble du territoire de la ville. Pour les autorités communales, cet outil de gestion intelligente est essentielle dans la planification urbaine. Le projet a par ailleurs reçu le Research Award au Congrès BeGeo à Brussel Expo en mars dernier.